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Sun Chine
4 octobre 2006

Journal à rebours - clichés de Chine

CLICHES DE CHINE


clichesdechine

 

Premier séjour dans la Chine continentale, premiers regards critiques sur un pays avec lequel j'ai toujours eu une relation complexe, à la fois d'attraction et de répulsion.

Zhongguo 中国), le "pays du milieu" ou "empire du milieu", ainsi s'appelle la Chine en chinois.

Un nom qui illustre bien la manière dont la Chine se perçoit et se présente au monde. Une Chine nationaliste qui n'a pas besoin, qui ne cherche pas vraiment à s'ouvrir, une Chine qui ne se perçoit peut-être pas comme le centre du monde mais qui préfère se concentrer sur ses propres intérêts, une Chine nombriliste. Une Chine qui se protège contre les invasions extérieures, à l'image de sa grande muraille construite pour arrêter les Mongols et qui aujourd'hui se protège contre les investisseurs étrangers jugés trop entreprenants par un contrôle rigoureux de sa monnaie ; une Chine qui entre dans l'OMC pour mieux imposer ses règles. Ainsi, si la Chine a initié une politique d'ouverture à la fin des années -70 sous l'impulsion de Deng Xiaoping, elle ne s'ouvre réellement qu'en raison du pouvoir d'attraction qu'elle exerce sur les entrepreneurs occidentaux, attirés et aveuglés par les chiffres qu'elle affiche : près de 10% de taux de croissance, une population d'1,3 milliards. Chiffres vertigineux et pourtant préoccupants, chiffres qui cachent les problèmes internes de la Chine, chiffres à replacer dans leur contexte, chiffres à double tranchant.

2004, année de la Chine en France ; 2005, année de la France en Chine.

Années croisées qui célébrent les quarante ans de la reconnaissance de la République Populaire de Chine par le Général de Gaulle. Relations ambigües, plus basées sur une Realpolitik que sur une réelle amitié entre ces deux pays, même si l'ami JIANG Zemin a été invité à danser par Bernadette Chirac au son des accordéons lors de sa visite en France en 1999.

Quels points communs entre la France qui aime à se présenter comme le pays des droits de l'homme et la Chine connue pour les "incidents" de 1989 ?

Certes, si on interroge les Chinois sur l'image qu'ils ont de la France, il apparaît que cette dernière peut présenter quelques caractéristiques en commun avec l'Empire du milieu : une fois passée les clichés sur le romantisme français (hé oui, nous sommes romantiques nous les Français), la France apparaît comme un pays qui a une longue histoire (même si les Chinois ne connaissent que le nom de Napoléon voire de De Gaulle), une richesse culturelle : le sourire de la Joconde presque aussi célèbre que le portrait de Mao.

 

Clichés sur la Chine, pays qui nous apparaît étrange, contrariant parfois dans ses contradictions.

Un pays communiste où pourtant le libéralisme est plus fort que partout ailleurs en certains endroits.

Une Chine athée mais qui voit renaître le sentiment religieux, perçu parfois comme source d'instabilité.

Une Chine nationaliste où pourtant les tensions entre les Hans et les autres minorités ne sont pas à négliger et où l'une des grandes peurs est le séparatisme (loi anti sécession votée par l'ANP le 14 mars 2005 et qui vise la "province rebelle" de Taiwan).
Une Chine qui affiche des chiffres de croissance spectaculaires dans les grandes villes, qui se modernise à une vitesse fulgurante mais qui dans les provinces voire dans quelques ruelles derrière les grandes avenues, les hutongs, ressemble plus au quart-monde avec ses hordes d'ouvriers, les mingongs, qui essayent d'échapper à leur misère en cherchant du travail en ville.

Une Chine pleine de contradictions mais fascinante, tellement différente, tellement déroutante. Un système d'écriture érigé en art et qui traduit la manière de pensée chinoise, sorte de gymnastique spirituelle dans laquelle la maîtrise du pinceau est tout aussi importante que le contenu.

Une Chine révolutionnaire mais qui redécouvre son héritage culturel, ses traditions. Une Chine tellement autre, connue en Europe qu'au travers de certains clichés, de certaines images présentes à l'esprit : le cinéma chinois avec la belle Gong-Li (qui d'ailleurs n'est pas considérée si belle que ça en Chine...), les arts martiaux avec Bruce Lee et les moines de Shaolin, l'opéra chinois avec Adieu ma concubine.

Une Chine qui évolue, qui s'ouvre au monde à l'image de cette cité interdite, palais des empereurs de Chine, cité vaste et coupée du reste du monde, saccagée lors de la Révolution rouge mais qui aujourd'hui retrouve sa magnificence avec comme porte d'entrée celle de la paix céleste, Tian an men, où trône le dernier vrai empereur chinois, Mao.

Une Chine que je m'en vais découvrir de l'intérieur après l'avoir étudiée de l'extérieur.

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